Volume 2

Le mal heréditaire / Docteur Cabanès.

  • Cabanès, Augustin, 1862-1928.
Date:
[1926-1927]
Catalogue details

Licence: Attribution-NonCommercial 4.0 International (CC BY-NC 4.0)

Credit: Le mal heréditaire / Docteur Cabanès. Source: Wellcome Collection.

    334/356 (page 324)
    Son humeur répondait à sa mine et à son port ; il recevait, écoutait et répondait avec le même visage, « n’ayant rien de mobile en tout son corps que les lèvres et la langue ». Ce regard qui ne se fixait pas, ce rayon visuel qui se perdait dans l’infini, le peuple l’attribuait à ce que Philippe IY était né un ven dredi saint ; les personnes venues au monde ce ]our-là passaient pour posséder la faculté de voir, en chaque endroit où un meurtre avait été commis, le corps de la victime; cette hallucination, cette ob session constante, expliquait, d’après la superstition populaire, les yeux égarés du monarque, cherchant à éviter cette perpétuelle vision de cadavres, qui le poursuivait comme une hantise. Soit qu’il l’affectât, soit que ce fût un effet de son tempérament, Philippe IY n’a pas ri trois fois en toute sa vie. Ce trait suffit à le dépeindre. On a défini d’une phrase Charles II : « Ce fut un Louis XIII au dernier degré de la consomption et du spleen. » Cet avorton languit, toute sa vie, entre les scrofules et la fièvre. Ce maître de la moitié du monde était un misérable rachitique, au masque blême et hagard ; ce fut le dernier représentant d’une dynastie de dégénérés. Chez lui, le stigmate indélé bile de la race, le prognathisme de la mâchoire, atteignait à la difformité, et l’hébétement de son esprit répondait à l’infirmité de son corps. La débilité de son corps, comme l’imbécillité de son esprit, le pré-