Volume 1

Histologie du système nerveux de l'homme & des vertébrés / par S. Ramon Cajal ; traduite de l'espagnol par L. Azoulay.

  • Ramón y Cajal, Santiago, 1852-1934.
Date:
1909-1911
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Credit: Histologie du système nerveux de l'homme & des vertébrés / par S. Ramon Cajal ; traduite de l'espagnol par L. Azoulay. Source: Wellcome Collection.

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    diverses parties associées, réfrénant et dirigeant Tensemble au mieux de sa perpétuation et de sa perfectibilité. C'est donc un appareil de perfectionne- ment, sans lequel les animaux eussent été à peine supérieurs aux végétaux. Que se passerait-il, en effet, chez un ver si, bâti d^'ailleurs sur le type normal, il n'avait point de système nerveux? A chaque excitation parvenue à un point limité du tégument, le groupe sous-jacent de fibres musculaires, par propagation directe de l'ébranlement, entrerait en contraction. Mais les autres groupes musculaires, même les plus voisins, demeureraient impas- sibles, aucune communication ne les reliant au point excité de l'épiderme. La préhension des aliments, la défense de l'animal, qui exigent des réactions étendues, énergiques et coordonnées, se trouveraient, dans un tel état de choses, si réduites, qu'il n'y aurait plus que désavantages pour le ver à être un composé multicellulaire si complexe. Cet exemple, joint à ce que nous savons des spongiaires, prouve donc, par voie téléologique, il est vrai, que chez l'être multicellulaire, pour qu'il y ait progrès, un système nerveux doit se différencier, qui, le mettant en relations constantes avec le inonde extérieur, assure sa conservation propre et sa défense à travers les âges. Et nous pouvons même prévoir en quel point de cet être le système nerveux fera sa première apparition et se différenciera. Ce sera dans cette région qui, par une inéluctable nécessité, se trouve être l'intermédiaire obligé entre le milieu animal et le milieu cosmique, et cette région, c'est le tégument, l'enveloppe, la peau. La phylogénie du sys- tème nerveux et surtout l'embryologie le démontrent, d'ailleurs, surabon- damment. Une fois entré en scène, et par le jeu même des actions et des réactions, le système nerveux appelle le système musculaire ; aussi, dans la série ani- male, voyons-nous apparaître, par différenciation contemporaine, et le système nerveux et le système musculaire, tous deux dynamiquement solidaires. Le pas, que les spongiaires n'ont point franchi, l'est par les cœlentérés. Chez eux nous rencontrons la première manifestation, non douteuse, d'un système nerveux. Et ce dernier est déjà compliqué, puisque chez les polypes, si nous en croyons les recherches des zoologistes modernes, Blanchard, Hertwig, Zoja, Wolflf, etc., il se compose de deux sortes de neurones: les sensitifs et les moteurs. Le neurone sensitif a les attributs essentiels du corpuscule sensilif et sen- soriel des vertébrés ; il ne diffère guère, par exemple, des cellules olfactives. Il siège, en effet, en certaines régions de la peau, tentacule, disque buccal, œsophage; il possède une forme bipolaire, avec une expansion périphérique grosse, terminée par un cil et une expansion centrale, plus ténue, ramifiée dans le mésoderme sous-jacent, et formant, à l'aide de ses ramifications associées à celles des corpuscules voisins, un plexus nerveux sous-épidermique d'une très grande richesse. Et de même que dans la muqueuse olfactive des ver- tébrés ou la peau des vers, ce neurone serait séparé de ses congénères par des corpuscules épithéliaux indifférents, jouant le rôle des cellules de sou- tien ou d'isolement. Apparition d'un système nerveux déjà complexe chez les cœlentérés avec des neu- rones sensitifs et moteurs.