Eléments de chirurgie clinique : comprenant le diagnostic chirurgical les opérations en général, les méthodes opératoires l'hygiéne, le traitement des blessés et des opérés / par J.C. Félix Guyon.

  • Guyon, Jean Casimir Félix, 1831-1920.
Date:
1873
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Credit: Eléments de chirurgie clinique : comprenant le diagnostic chirurgical les opérations en général, les méthodes opératoires l'hygiéne, le traitement des blessés et des opérés / par J.C. Félix Guyon. Source: Wellcome Collection.

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    INTRODUCTION HISTORIQUE § T. — Ijo. chirurgie avant Ilippocrate. On ne possède pas de documents historiques très-sérieux sur l'exercice de la chirurgie avant les poëmcs encyclopédiques d'Homère. Les recherches faites dans les plus antiques monuments de la tradition, dans les hymnes indiens et dans la Bible, paraissent ne pouvoir rien enseigner sur l'origine de la chirurgie. Il est vrai qu'on a retrouvé dans les hymnes réunis sous le nom de Védas des indications remarquables sur la chirurgie. Susrutas a cru voir dans les Védas la preuve d'une pratique chirurgicale très-avancée, parce qu'il y trouvait la taille périnéale, l'opé- ration de la cataracte, la suture intestinale, la rliinoplaslic; mais, comme l'a fait remarquer Darcmberg, les Védas répondent à des époques très-diverses, et les Indiens, dans les derniers livres védiques, ont certainement mis à profit les progrès accomplis en Grèce ou en Egypte; de sorte qu'en ne considérant que les Védas notoirement antérieurs aux poèmes d'Homère, on ne trouvera que des traces d'une médecine théurgiqne dont les moyens les plus actifs consistent en prières, invo- cations et incantations. De chirurgie, il n'en est point question. Des observations semblables peuvent être faites à propos des traditions hébraïques, dans lesquelles la chirurgie n'apparaît qu'à une époque où les Israélites ont été en rapports guer- riers avec les Chaldcens, les Perses et les Grecs. Dans le Tahnvd, suivant IJaescr, on reconnaît les enseignements d'Érasistrate reproduits parTobia(120 ansav. J. C.). Cette incertitude sur les origines de la chirurgie laisse le champ libre aux hypo- thèses. Nous ne chercherons pas h savoir si l'homme primitif a été blessé avant d'être malade, et si l'intervention des secours manuels pour une blessure ou pour une fracture a développé d'abord la pratique chirurgicale, parce que l'histoire des peuplades encore sauvages nous montre l'intervention des prêtres et des sor- ciers aussi bien pour des cas chirurgicaux que pour des maladies. Cependant il est probable que dès l'origine de l'humanité quelques hommes ont dû acquérir une certaine expérience dans le traitement des blessures, des luxations ou des fractures, et qu'en même temps que des femmes déjà mères secouraient les femmes primipares, des chasseurs expérimentés secouraient leurs compagnons. Homère, dans l'Iliade surtout, a fait une large part à la chirurgie, et l'on peut déduire de nombreux passages du poète que la chirurgie d'armée comptait au siège de Troie des représentants illustres. Machaon et Podalyre (1200 ans av. J. C.) exerçaient la chirurgie suivant les préceptes d Esculape leur père, sans qu'ils aient prévu l'élévation ultérieure d'Esculapc au rang des dieux, au-dessus de Pœon lui-même, médecin de l'Olympe à l'époque même de la guerre de Troie, s'il faut en croire Homère.