Les pansements et la mortalité : épidémie et contagion, ferments et microbes : leçons d'ouverture du cours de clinique chirurgicale Hôpital Necker (novembre 1884) / par Léon le Fort.

  • Le Fort, Léon Clément, 1829-1893.
Date:
1885
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Credit: Les pansements et la mortalité : épidémie et contagion, ferments et microbes : leçons d'ouverture du cours de clinique chirurgicale Hôpital Necker (novembre 1884) / par Léon le Fort. Source: Wellcome Collection.

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    O meilleur guide dans l’étude des évolutions qu’a suivies la pra- tique chirurgicale pour arriver au point où elle est aujourd’hui. La mortalité excessive des opérés, notée par tous les chirur- giens du xvm° et du xixc siècles, ne paraît avoir préoccupé ni les chirurgiens de l'antiquité ni ceux du moyen âge, et n’avoir préoccupé que fort peu ceux du xvne siècle. On ne trouve dans leurs écrits rien qui puisse nous faire croire que la mortalité après les grandes opérations fût analogue à celle que nous observions, il y a dix ans encore, dans nos hôpitaux. Peut-être cette sécurité relative, qui paraît réelle, tenait-elle à la pratique suivie pour les amputations. Les chirurgiens, jus- qu’au xvie siècle, avaient une peur effroyable de l'hémorrhagie. Pour l’éviter, Hippocrate, Gelse, Galien, ne faisaient les amputa- tions que dans les cas de gangrène; ils pratiquaient la section à la limite des parties molles et des parties saines, et telle était encore à la ûn du xvi° siècle la pratique de Fabrice d’Aquapen- dente. Cependant Paul d’Égine, au ive siècle, avait fait l’incision dans les parties molles; mais, comme l’avaient fait ses devan- ciers et comme le firent ses successeurs jusqu’à Ambr. Paré, il cherchait à se mettre à l’abri de l’hémorrhagie en cautérisant toute la surface du moignon. Non content de cela, un chirurgien arabe, Abul-Kasen, recommanda au ixc siècle de faire l’incision avec un couteau rougi au feu, et, puisque Wiseman, vers lfioO, combat et condamne cette pratique, on est en droit d’en conclure qu’elle était encore en usage au milieu du xvn° siècle. Ce que je vous dirai tout à l’heure vous montrera quels pouvaient être, au point de vue de la diminution de la mortalité les heureux effets de cette méthode antiseptique ou anticontagioniste inconsciente et barbare. Peut-être aussi cette mortalité réduite tenait-elle à l'isolement relatif des malades et à la pratique forcément restreinte des chirurgiens. L’antiquité, vous ne l’ignorez pas, n’a pas connu les hôpitaux. Si la charité chrétienne les a créés et multipliés, ils ne furent longtemps que de petits établissements, et ce n’est ({ue depuis deux siècles que de grands hôpitaux ont rassemblé dans des salles communes un grand nombre d’opérés. A partir de ce moment les grandes mortalités commencent, et les chi- rurgiens, en nous les signalant, nous signalent aussi les maladies qui en sont la cause.